Phnom Penh, dimanche 9 mai

Devant le Palais royal ce dimanche là, je suis prise d'assaut par une toute jeune fille. Une douzaine d'années peut-être, une casquette vissée sur la tête, la queue de cheval alerte, le jean coupé aux genoux, elle me saute dessus dès que je pose le pied hors du tuk-tuk. Elle vend des bouteilles d'eau. Comme c'est ma première sortie dans Phnom Penh, elle prend les choses en main : elle négocie pour moi la course retour, me montre l'entrée du Palais royal, m'indique le prix du ticket et l'heure de fermeture, me propose des livres sur l'histoire du Cambodge, de l'eau contre la soif, me conseille d'acheter un chapeau pour me protéger du soleil, etc, etc. Tout ça dans un anglais parfait. Bien meilleur que le mien en tout cas ! Je m'étonne : "Où as-tu appris à parler si bien anglais ?" "A l'école !" "Mais quand y vas-tu ?" "La semaine ! Et le dimanche, je travaille ici pour aider ma famille. Tu es sûre que tu ne veux pas d'eau ? Si jamais tu changes d'avis, je reste là jusqu'à la fermeture." Du doigt, elle me montre l'inscription sur sa casquette : "Je suis "Cosmic girl". Tu te souviendras ?"

Visite du Palais royal. C'est beau, clinquant et merveilleusement paisible. Je traîne dans les jardins, toute seule. Soudain, gros coup de blues. Voir de si jolies choses sans les partager avec quiconque, c'est frustrant. Mieux que de rester à l'appart déserté par les autres volontaires partis pour le week-end, mais pas marrant quand-même. Je vois deux touristes français qui déambulent mollement. J'ai envie de courir vers eux en leur criant de m'adopter !