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Boulevard Kamputchea Krom
14 mai 2010

Angkor, vendredi 14 mai

Le_Ta_Promh_2Angkor_VatLe_BayonOh__un_bouddha_boudeur__Le_Ta_Promh_1Premier temple visité : l'incontournable Angkor Vat. Eh ben, j'aime pas ! Avec ses murs noirs d'humidité, ses dédales de couloirs et de cours, son énormité et ses tas de pierres, je le trouve flippant. Le temple est conçu comme un symbole de la cosmologie hindouiste. Au centre, une pyramide qui vous mène droit au Nirvana. Autour, plusieurs enceintes concentriques avec leurs cours, leurs couloirs, leurs bassins, l'idée étant que pour atteindre le Nirvana, l'être humain doit franchir tout un tas d'étapes et d'obstacles. Et c'est drôlement bien rendu : j'ai mis une heure pour trouver la sortie ! Je ne cessais de retomber sur les mêmes passages, les mêmes courettes, les mêmes bassins asséchés. J'en pouvais plus ! Heureusement, le Bayon et le Baphuon me réconcilent avec la vieille cité khmère.

Dialogue Est-Ouest. Au détour d'un temple, je suis prise d'une petite faim. Je me souviens d'Anne-Claire me disant : "En Asie, la meilleure amie du touriste, c'est la banane !" Justement, une vieille dame vend des fruits. Je lui demande en anglais si elle a des bananes. Elle me sourit : "Oui, tu veux une mangue ?" Un peu surprise, je répète : "Non, merci, je voudrais des bananes." Même large sourire : "D'accord. Tu veux de l'ananas ?" En désespoir de cause, je me fends des quelques mots de khmer que je connaisse : "khniom tchang ting tchek". Nouveau grand sourire (un brin indulgent, me semble-t-il !) : "Tu parles khmer ? C'est bien ! Tu veux une pomme ?" J'ai compris : encore un non qui ne dit pas son nom ! Au Cambodge, dire non c'est courir le risque de mettre à mal son interlocuteur. Alors on dit oui. On dit oui quand c'est oui, mais on dit aussi oui quand c'est non. A toi de trier ! 

Une_petite_vendeuse_de_braceletsA Angkor, à peine arrêté aux abords des temples, une nuée d'enfants se précipite sur toi pour te vendre un tas de trucs (tous les mêmes, en fait). Les mômes sont capables de dire quelques mots en trois ou quatre langues et te posent toujours les mêmes questions, toujours dans le même ordre : "Ca va ? D'où viens-tu ? Tu es mariée ? Tu as des enfants ?" J'ai lu quelque part que ce qu'ils gagnent est empoché par des groupes organisés qui leur apprennent les rudiments des langues des touristes. Une jeune fille de 12 ou 13 ans m'aborde, des bracelets en roseau à la main. "Hello, where are you from ?" "From France." Aussitôt, elle passe au français : "Bonjour, ça va ?" "Oui, et toi ?" "Ca va ! Hop, elle poursuit en anglais : "Tu as des frères et des soeurs ?" "Non, et toi ?" Elle me regarde, pleine de compassion : "Tu n'as pas de frères ni de soeurs ? Moi, j'en ai quatre : deux soeurs et deux frères. Et tu as des enfants ?" Non plus ?" Je crois voir une ombre de pitié dans son regard : "Pas de frères, pas de soeurs et pas d'enfants ? Mais tu as un mari ?" Je la sens tellement décontenancée que pour un peu, je m'en inventerais un ! "Eh ben non ! Pas de mari non plus !", dis-je d'un air léger. L'espace d'un instant, je suis tentée de lui dire que je suis aussi orpheline, histoire d'aller jusqu'au bout ! Mais elle a déjà l'air si triste pour moi que je lui épargne ça !

Le soir, je vais faire un tour dans le centre de Siem Reap, là où le night market, les bars, restaus et galeries d'art s'efforcent de faire oublier aux touristes qu'ils ne sont pas chez eux. Quand je rentre à l'hôtel, il fait nuit depuis longtemps. Les grillons chantent, les feuilles des arbres bruissent. Installé dans une grosse maison coloniale aux grandes baies vitrées, le très cosy "Foreign Correspondants Club" (la succursale Siem-reapoise de l'ancien QG des journalistes étrangers à Phnom Penh rendu célèbre par le film "La déchirure") éclaire doucement la route. De l'autre côté de la rue, dans la pénombre, cinq ou six tuk-tuks sont garés sur le trottoir. Les chauffeurs sont étendus sur les sièges en skaï. Leur journée est finie. Certains mangent un morceau, mais la plupart dorment déjà. Ils vont passer la nuit là jusqu'au lever du soleil, avant de vivre une nouvelle journée à balader les riches touristes.

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