Phnom Penh, samedi 29 mai

En mal de littérature, je me retrouve dans le bookshop de la rue 240. Je me sens observée. Je lève les yeux des linéaires de bouquins d'occasion : sandales, robe orange, petites lunettes rondes et coupe réglementaire, un moine m'observe, planqué derrière un livre d'enfants en anglais qu'il tient à l'envers ! J'ai envie de rire mais je me retiens. Je le salue d'un hochement de tête. Je sais qu'il n'a pas le droit de me parler (et réciproquement, d'ailleurs), ni de me regarder. Du moins pas comme ça !

Il y a pas mal de moines et de moniales à Phnom Penh. Mais tous n'ont pas la vocation. Certains le sont pendant un an, le temps d'une pause spirituelle dans une vie de laïc. D'autres le sont parce que leurs parents les ont confiés tout jeune à un monastère pour y recevoir une éducation. Les femmes vivent dans un très grand dénuement. Les hommes moins, à ce qu'il me semble. Enfin, tout est relatif... Ils vivent uniquement des dons des croyants. Chaque jour, ils passent dans les maisons et y tendent un récipient en métal argenté. Les femmes y déposent du riz ou des offrandes et ils récitent ensemble une courte prière.