Phnom Penh, mardi 11 mai

C'est mon premier "vrai" jour à l'orphelinat. J'ai l'impression de faire ma rentrée des classes. Avant de venir, j'ai relu mon planning. Au cas où je l'aurais déjà oublié ! Acte 1 : nettoyage des biberons. Samat me regarde d'un air étonné. "Euh, les biberons ont déjà été nettoyés." Ah. Note bien que dans un pays où on commence sa journée de travail à 6 h du matin, j'aurais un peu dû m'en douter ! De toute façon, la nursery ne possède que trois ou quatre biberons. Pas de quoi s'occuper une heure par jour ! Donc, acte 2 : la lessive. "Ah, mais ça aussi, c'est déjà fait." "Ok. Alors dis-moi en quoi puis-je être utile ?" Samat sourit et ouvre les bras : "A toi de voir !". Hier, Sophourn m'a dit : "Tu sais, au Cambodge, nous ne savons pas demander. Ce n'est pas dans notre culture." Je confirme.

Première matinée. On fait connaissance, on essaie de discuter, de se comprendre, on dessine, on fait de l'anglais avec les plus grands, des jeux et des câlins avec les plus petits. L'orphelinat héberge une soixantaine d'enfants, des bébés de deux ans jusqu'aux ados de 18-19 ans. Tous les enfants de plus de sept ans vont à l'école publique. Mais comme au Cambodge, il y a beaucoup d'enfants mais peu d'enseignants et pas assez d'écoles, les cours n'ont lieu qu'en demi-journée. L'autre demi-journée, ils la passent à l'orphelinat avec Bunteng, un jeune prof d'anglais Cambodgien secondé par Kirsten et Matthias. Les cours ont lieu dans un joyeux brouhaha au milieu des jeux des plus jeunes qui se coursent autour des tables, les escaladent, jouent dessus. Profs et élèves restent imperturbables et répètent, jour après jour, les mêmes mots d'anglais.

En fin de matinée, je rentre déjeuner à l'appart. Quand je rentre dans la salle commune, Marion me fixe, un sourcil en l'air mais sans commentaires. Montée dans la salle de bains, je reste en arrêt devant le miroir : c'est qui ce drag, peinturluré comme pour aller au Bois ?!!!! Damned : Ratana !  Ratana est une charmante enfant de 14 ans qui adoooooore jouer les maquilleuses. Mascara, eye-liner, ombre à paupières, blush et talc : elle ne m'a rien épargné ! Je repense à Samat, aux enfants, au conducteur de tuk-tuk et à tous ceux qui m'ont croisée au cours de cette matinée et qui ont eu la délicatesse de s'adresser à moi sans sourciller, comme si tout était normal. Quant à la volontaire qui a acheté ces produits, qu'elle soit maudite, elle et sa descendance, jusqu'à la 7ème génération !

Comments

[gg]

J'aurais adoré te voir maquillée comme un camion volé...