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Boulevard Kamputchea Krom
12 mai 2010

Phnom Penh, mercredi 12 mai

L_un_des_dortoirs_des_fillesLe_dortoir_des_gar_ons_et_la_salle_de_classeAssise en face de moi, Srey Nae, 8 ans, fixe mes bras. Elle me prend la main, étend mon bras sur la table, et murmure "Soooooo ! Saaaaaar !" (c'est blaaaaanc ! c'est beauuuuu !). J'adore cette môme ! Elle pose le sien, si brun, tout à côté, me le montre du menton et fait la grimace. Je lui montre son bras : "Tu sais, chez moi, c'est toi qui es "saaaaar" et moi qui suis beurk !" Elle me regarde, l'air étonné d'une idée si bizarre. Du coup, sur le chemin du retour, j'observe les femmes sur leur scooter. La plupart sont couvertes de pied en cap : chapeaux ou casquettes, gilet ou sweat à manches longues, gants (certains remontant jusqu'au dessus du coude), chaussettes ou socquettes sous les tongs... Le tout par au moins 40°. J'ai lu que les Cambodgiennes étaient très pudiques, et très coquettes aussi. Ici, plus la peau est blanche, mieux c'est. Autres lieux, autres moeurs...

L'orphelinat est terriblement pauvre. C'est peu de dire qu'il est vétuste. Il a été fondé par Happy trees, une association chrétienne de Hong Kong. Samat m'explique qu'il dispose d'un budget de 2 500 dollars par mois pour faire vivre ses 60 enfants. Je ne me rends pas bien compte : ça fait quoi, 2 500 dollars, au Cambodge ? Margaux, qui effectue un stage dans une ONG spécialisée dans le droit des femmes, me dit que le salaire moyen est d'environ 50 dollars. Samat estime qu'il lui faudrait bien un millier de dollars en plus chaque mois. En tout cas, les locaux sont dans un état épouvantable. La toiture est pleine de trous. Dans la nursery, la poutre maîtresse commence à ployer. Les compteurs électriques semblent avoir été installés à l'époque où l'électricité n'existait pas et des câbles pendouillent de partout. Il y a quelques mois, on a posé des plaques de ciment au sol par dessus la terre battue. Mais elles ne sont pas faciles à balayer, et encore moins à lessiver. Encore l'orphelinat dispose-t-il de l'eau courante, ce qui a permis d'installer des sanitaires. Ils sont rudimentaires, mais ont le mérite d'exister. Mais surtout, Samat m'explique que juste derrière l'orphelinat, il y a un lac. Il est joli comme tout, plein de nénuphars et de liserons d'eau. Seulement, à la saison des pluies, l'eau monte, déborde et inonde l'orphelinat qui vit alors les pieds dans 10 à 20 cm d'eau. Les cours d'anglais s'arrêtent et on s'arrange pour que les enfants dorment ailleurs. Clémentine me dira plus tard que l'orphelinat est censé déménager. Le directeur a trouvé un terrain, mais il est éloigné et surtout, les fonds n'arrivent pas. Bref, pour l'instant, c'est stand-by.

Il fait une chaleur épouvantable. Ce matin, à la télé, la météo annonçait 45°. A l'ombre. Sauf qu'à l'orphelinat, de l'ombre, y'en n'a pas. Pour "rafraîchir" l'atmosphère, on fait couler de l'eau sur le toit en tôle. Elle retombe en douche qui brûle la peau des petits quand ils veulent sortir dans la cour.

Demain, c'est l'anniversaire du roi. Autrement dit, c'est week-end pour tout le monde. A peine arrivée, je suis priée de prendre des vacances ! Je décide d'en profiter pour faire un tour à Angkor.

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